Finitude...
Je ne peux pas m'empêcher de me demander comment on fait pour gérer le passage du tout au rien, du plein au vide, surtout quand on ne s'y attend pas et que ça nous tombe dessus sans qu'une bonne âme ait pris le temps et la peine de nous mettre en garde. Ca donne quand même une bonne leçon : ne jamais se reposer sur ses lauriers, ne jamais s'endormir dans un illusoire bonheur. Tout est fragile, sujet à disparaître, alors non seulement il faut en être conscient et profiter à fond de ce qui se présente de positif, mais en même temps, il faut se tenir prêt à encaisser des coups. S'endurcir, devenir un peu plus fort pour ne pas ployer sous le poids de peines trop lourdes. Le pire étant qu'elles sont trop lourdes sur le coup, si dures à supporter qu'on pense qu'on ne s'en relèvera jamais, et c'en serait presque une consolation.
J'ai longtemps pensé que puisque le bonheur auquel j'aspirais plus que tout ne m'était pas accessible (et que la seule chose qui me restait était la peine que je ressentais), la seule façon de ne pas renoncer à mon idéal était de ne faire plus qu'un avec cette douleur qui me hantait, j'avais ainsi l'impression de n'être plus que ma douleur et par là même de m'immoler sur le bûcher de mes idéaux, ça me semblait être la seule façon de conjurer l'injustice du sort. Ce genre de raisonnement ne dure qu'un temps : il y a un moment où l'instinct de survie reprend le dessus, quand le corps et l'âme sont épuisés d'avoir mal. Alors, on se secoue les puces et on se remet à vivre parce qu'on n'a pas d'autre choix. Surtout quand on ne peut pas lutter contre ce qui nous accable.
Bon ça m'est arrivé par le passé, je me retrouve dans une situation similaire aujourd'hui, avec quelque part un peu moins d'idéalisme et un peu plus d'amertume dans le coeur (mais encore et toujours des regrets...). Ca doit vouloir dire que ça va forcément passer... que le processus va recommencer, que bientôt ça ira mieux... C'est rassurant bien sûr, de se dire qu'on est assez fort pour réussir à se relever, mais en même temps, c'est triste de penser qu'on n'est pas assez sensibles pour que nos sentiments restent constants, de penser que tout est voué à disparaître, surtout ce qui était beau... Parce que rien ne nous dit que ce qu'on reconstruira par la suite (et qui sera peut-être encore plus beau) n'est pas aussi voué à disparaître. Je songe que j'ai encore parcouru si peu de chemin, mais je me sens déjà si fatiguée...