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Rayon de lune

5 janvier 2010

Aphasie

Petit remontage de poème avec une illustration réalisée par Faust. Je trouve ça vraiment fascinant la façon dont il s'est réapproprié mon texte, ça lui donne une toute autre dimension. C'est chouette l'art, c'est chouette les dessineux talentueux qui font de jolies collabs. Merci Sovan !

aphasie

Hébété s'étire un Pierrot triste
Dans sa main un bouquet de fleurs noires
Sourire fané des lendemains de piste
Pour une moisson de rires illusoires

Est-ce que sa belle s'est enfuie
Ou bien l'a-t-il seulement rêvée
Sourire lune, la veilleuse de nuit
Paresse sous la voûte étoilée.

Songes évanouis moins éphémères
Que la fourbe réalité
Les pieds sont moins légers sur terre
Et un pantin aime tellement danser

Mais il a oublié les pas
Sous les siens s'ouvre un gouffre noir
Où les mots s'ombrent sans fracas
L'encre a perdu tous ses pouvoirs

Touti, 20-21.02.2009

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19 octobre 2009

Mon automne

Voilà bien longtemps que je n'avais feuilleté tes pages
On dirait qu'il me faut revenir à d'anciennes amours
C'est étrange de voir comme les mots laissent le cœur lourd
Le passé ne cesse pourtant de changer de visage

Décliner la monotonie du temps à l'ombre du jour
Je ne sais si mon cœur à ce jeu sera sage
Mais il serait bien imprudent de prendre ombrage
De l'automne qui approche à pattes de velours

A l'horizon l'écueil auguré décourage
J'ai beau tendre l'oreille à des présages sourds
Le vent muet ne m'amène que le bruit des tambours
Et me fait renoncer à de plus doux rivages.

Touti, le 15/09/2009

11 janvier 2009

Madame la lune

Un peu de nostalgie avec une berceuse que me chantait Mamie le soir avant de dormir il y a bien longtemps (mais dont je me rappelle encore très bien l'air). Elle m'a dit que sa maman la lui chantait déjà quand elle était petite. Alors ça me laisse rêveuse de penser que cette chanson a traversé les générations. J'espère continuer à mon tour à en perpétuer le souvenir en la chantant plus tard à mes enfants et à mes petits-enfants (et ce qui est bien, c'est que le thème reste en harmonie avec mon blog^^) :

Madame la lune est très curieuse
Montrant son oeil blanc dès que vient le soir
Elle reste là-haut, bien silencieuse
Ecarquillant l'oeil afin de tout voir.

Pour tout voir aussi, ses nièces, ses filles
Et leurs mille enfants, les étoiles font
Des trous dans le ciel avec des aiguilles
Afin d'y coller leur petit oeil rond.

Quand il est bien tard, Madame la lune
Descend tout le long d'un rayon follet
Et pour voir chez nous, soudain l'importune
Vient coller son oeil au trou des volets.

Elle ne remonte au sein des nuages
Que quand les enfants dorment en tout lieu
Et si quelques-uns n'ont pas été sages
La lune s'en va le dire au bon Dieu.

14 décembre 2008

Mosaïque

C'est étrange comme parfois l'événement le plus infime peut vous abattre. J'ai souvent l'impression de marcher en équilibre sur un fil, et j'ignore par quel miracle d'insouciance je ne me casse pas la figure à chaque instant. Pourtant, le vertige engendré par l'abîme me guette sans cesse, tapi dans les moindres recoins de ma conscience flageolante. J'ai du mal à saisir les fluctuations du temps et leur impact sur mon rapport avec les autres. Je les ressens seulement par à-coups, assenées avec la violence de l'évidence, génératrices de filets de haine et d'incompréhension.

Je n'ai toujours pas compris dans quel monde je vivais,
Ni dans quel monde tu vis,
Tout ce que je sais c'est que ce n'est pas le même
Sous la lune l'abîme me sourit.

L'écrivain s'en revient toujours sur le même chemin : même s'il emprunte d'autres sentiers, il trace la même route. On aime à le toiser avec mépris, ce vieux radoteur imbécile. Pourtant, il délivre encore la sagesse enfouie au coeur des mots, celle qui fait sourire le voyageur pressé qui savait déjà. Mais c'est celui-là même qu'il recroise au terme du parcours : la plume à la main, avec sollicitude, l'auteur lui tend le livre écrit tout au long de la vie, précieusement conservé et aimé. Je crois que c'est à ce moment-là que le vieillard pleure, et sait que jadis, il croyait seulement savoir.

Ce n'est pas très facile de jongler en même temps que d'avancer, tellement on a peur de tomber ou de faire tomber les autres si l'on fait un faux pas. J'ai souvent l'impression que je ne suis pas la seule dans cette chute qui m'entraîne, quand sous mes pieds s'entrouvre le gouffre du désespoir insondable, celui que je n'ose regarder en face, ramassis de jalousie et de frustrations, de larmes essuyées au coin de l'oeil. Il paraît qu'il faut mettre son mouchoir dessus. Ca ne le fait pas pour autant disparaître.
C'est drôle d'observer comment les mots naissent de nos insatisfactions et de nos mesquineries. C'est vrai qu'avec le mouchoir brodé par-dessus, c'est plus joli. Mais on n'est pas dupe pour autant. Pourquoi est-ce que la perversion des sentiments s'exerce de la manière la plus incisive précisément sur ceux qui devraient être les plus beaux ?

2 novembre 2008

Pierrot assis face au miroir

Dans ses yeux, nulle trace d'émotion
Un pâle sourire éclaire ses lèvres
L'air doux ne fait guère illusion
Sur ce visage brûlant de fièvre

Il répond, docile, aux questions
D'un air malin, gentiment mièvre
Il ne craint pas votre aversion
Il taille vos piques, comme un orfèvre

Vous sentez monter la tension
Il jubile, vous êtes l'exutoire
Pierrot maîtrise les passions
C'est lui qui vous sert de miroir.

Touti, le 2.11.2008

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2 novembre 2008

Brumes parisiennes et spleen nantais

Voilà la saison du spleen qui s'installe, même pas le plaisir de savourer pleinement les dernières lueurs d'un été indien. Le froid s'infiltre partout, transperce la moindre couche de vêtements, aussi chauds soient-ils. C'est sous ces mornes augures que Paris s'est offert à mon oeil de touriste songeuse. Déambulant dans la grise capitale où l'opulence succède la misère, noyée dans le flot d'une foule d'anonymes pressés, j'éprouve cette sensation étrange de mal-être diffus tandis que s'est gravée dans mon esprit l'image de cet homme avachi sur un strapontin du métro, endormi, empestant le vin, semblable à une poupée désarticulée. Sentiment de malaise : je m'applique à regarder partout sauf dans sa direction, en espérant assez naïvement que ne plus l'avoir dans mon champ de vision me le fera oublier. Un autre soir, en route vers la tour Eiffel, cette jeune fille probablement plus jeune que moi, assise le long d'une vitrine, le corps à demi enfoui dans un sac de couchage... j'ai du mal à concevoir que ce soit possible. Dès que la réalité s'éloigne un tant soit peu de ce qui constitue mon quotidien, elle revêt les allures d'une fiction. J'ai ressenti un peu la même impression devant les armures de chevaliers du musée Dobrée de Nantes, ou encore face aux totems gigantesques du musée du quai Branly. Certes, le rapprochement n'est pas forcément évident, mais la pensée fonctionne pourtant sur le même principe dans les différentes situations : essayer de penser à ces éléments en tant que réalité (passée ou présente), autour de laquelle se distingue un contexte réel qui est loin d'être familier pour moi, crée une sensation tenace d'irréalité, qu'elle soit due à l'écart social, géographique, culturel ou historique. En dehors de ma petite vie se dessinent d'autres mondes, qui ne sont pour moi que des esquisses sans consistance, dont la dimension tangible m'apparaît fugitivement quand j'y suis confrontée, mais s'estompe tout aussi vite. Dois-je m'en vouloir de ce si rapide désintérêt pour ce qui n'est pas moi ni autour de moi ? J'en fais le constat froid sans pour autant me sentir coupable. Ces tristes considérations ne m'empêcheront pas de dormir, n'empêchent personne de dormir de toute façon, pourquoi aurais-je plus de scrupules que les autres ?

Je disais donc Paris et les sentiments contradictoires qu'elle éveille dans le coeur d'une petite provinciale comme moi, attachée à son univers familier. Arrivée à la Défense, sentiment de déperdition : tout est si immense, je suis ravalée à ma dimension d'être insignifiant, pas plus grande qu'une fourmi, pas plus signifiante que ce flot d'inconnus qui traverse mon champ de vision, quittant leur travail en cette soirée humide et froide, se hâtant de rentrer chez soi. Sensation de mal-être : la moindre parcelle de ce qui s'étend sous mon regard correspond à un monde qui m'est parfaitement étranger et qui me terrifie : je n'ai et ne veux pas avoir la moindre idée des enjeux financiers sans mesure qui se jouent dans ces tours géantes et sans âme. C'est le soir, et l'on distingue des milliers de petits carrés allumés, chacun correspondant à un bureau : chaque jour, des hommes prennent place dans chacune de ces cases et travaillent sans relâche jusqu'au soir. Ces petits cubes insignifiants, ces milliers d'hommes, ces millliers de subjectivités que j'imagine, mais que j'embrasse ici, de loin, du haut de ma taille de fourmi. Vertige.

Le soir, arrivée au deuxième étage de la tour Eiffel, l'effet inverse : je surplombe la ville, j'ai l'impression qu'ici rien ne peut m'arriver. Les immeubles éclairés, la Seine et les ponts qui l'enjambent, je contemple une jolie maquette, tellement réussie qu'on la jurerait réelle. C'est drôle. Le spectacle qui s'étend sous mes yeux fait de moi une privilégiée ; d'ici je ne ressens pas le vertige, juste la beauté froide et intemporelle d'une nuit parisienne embrasée d'une myriade de lueurs.

Froid, pluie, vent, fatigue, courbatures et mal au dos... Retour à la case départ, fin de l'épisode "voyage", de la bulle rassurante de hors-temps. Le quotidien revient avec ses soucis insignifiants et ses prises de tête à répétition. Mon âme atteinte de bovarysme aigu et nourrie au spleen ne connaît d'autre mode de fonctionnement que l'angoisse. Lancinante, son mouvement incessant est comme celui des vagues qui viennent lécher le sable. Il ne me reste qu'à en prendre mon parti et à tâcher de lutter contre ce qui est plus fort que moi. Je suis fatiguée, je ne sais même plus pourquoi je pleure. Juste envie de m'asseoir un moment au soleil. Sentir la caresse de ses rayons et de ton regard. Retrouver ces fragments d'éternité dont la perfection me faisait déjà redouter la contingence.

1 novembre 2008

Poème sans titre (et peu satisfaisant de surcroît)

Il marchait par grand vent sous un ciel sans nuage,
Chaque instant diminuait un peu plus son courage.
Dans son grand manteau blanc, Pierrot cabriolait
Pour oublier son cœur qu'une flamme transperçait.

L'ombre qui s'attachait à ses pas disparut.
En ce jour de soleil, son sourire s'était tu.
Au coin de l'œil une larme aussitôt effacée
Par Phoebus triomphant l'empêchait de pleurer.

Il rechercha longtemps la silhouette obsédante,
Etrange et familière, qui d’habitude le hante.
Mais nulle part ne trouvant cette partie de lui-même,
Il s'en fut égaré, triste clown bohème.

Son âme tressaillit au détour d'un bosquet :
Dans l'onde frissonnante, un reflet imparfait,
Pâle simulacre lui rappelant son ombre,
Ne fit qu'alimenter encore ses pensées sombres.

Puis la nuit le laissa, pantelant, essoufflé,
Et il ferma les yeux sur sa triste journée.
Quand la lune éleva au ciel sa face blême,
Dans les yeux de Pierrot naquit un doux poème.

Il entrevit les rives riantes de l'autre monde.
Les pensées enivrantes d'une âme vagabonde
Envahirent son esprit et le mirent en joie :
Il n'avait depuis longtemps ressenti un tel émoi.

C'est toi que je cherchais, déesse Eternité
J'ai cru qu'un fragment d'âme à jamais me manquait
Mais j'ai vu ton visage dans la nuit étoilée
Et j'ai compris alors qu'en mon coeur tu brillais.

Touti, le 1.11.2008

20 septembre 2008

Art souilleurs

Honte sur moi, je tiens ce blog à jour de façon très irrégulière. Il faut dire que vu qu'il me sert pas mal de journal intime, son activité a tendance à varier selon mes humeurs. Quoi qu'il en soit, en ce moment tout va bien. Tout plein de choses positives qui me tombent dessus, et puis la rentrée, le babysitting, chercher un nouveau sujet de mémoire sur lequel griller les rares neurones qui me restent, et surtout un garçon plus que charmant qui est entré dans ma vie...

Enfin bref, je profite de ce petit blabla pour faire la pub du site que ledit jeune homme a créé de ses petites mains habiles il n'y a pas bien longtemps. Un site au titre séduisant (puisque c'est moi qui l'ai trouvé), et dont le contenu est fort intéressant. Consacré à la culture, il se divise en trois parties :

- Vie culturelle nantaise : les évènements culturels (expos, concerts, galeries d'art, musées...), l'art de rue et bien d'autres infos utiles sur l'activité culturelle de notre belle ville de Nantes

- Photographies : Antoine y poste ses photos et vous fait partager ses diverses expérimentations photographiques

- Bibliothèque : probablement l'espace le plus intéressant du site vu que j'y interviens (oui oui, mes chevilles vont bien). Il s'agit d'y présenter des livres que nous avons aimé, ainsi que des auteurs, bref une manière de faire l'éloge de la littérature qui tient une place si importante dans nos vies.

Mais le mieux est encore d'aller y jeter un oeil par vous-mêmes (et n'hésitez pas à laisser des commentaires, vos impressions sont les bienvenues) :

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28 juillet 2008

Flânerie nocturne

Veillé par les étoiles dans sa ballade nocturne
Les yeux rêvant à la lune, Pierrot déambule
Ses bleus à l'âme le rendent d'humeur taciturne
Sur le fil, il est le plus nul des funambules.

Il a longtemps flâné dans un riant jardin
Où son coeur abîmé trouvait un doux repos
S'enivrant du souffle des fleurs, l'exquis parfum
Qui lui tournait la tête faisait danser les mots.

Et dans la ronde obscure, il a voulu entrer
Mais pour un baladin, ce n'est pas chose facile
D' écouter avec attention le chant des fées
Quand on aime les roses pour leur abord futile.

Pierrot, pantin lourdaud, s'emmêle les pinceaux
Il approche sur la pointe des pieds, danse gracile
Les fleurs immobiles se moquent mais ne pipent mot
L'art de plaire se révèle un dessein difficile.

Mais Pierrot n'a que faire des ragots imbéciles
Il insiste et sa balourdise le rend charmant
Les roses se gonflent d'un orgueil bien puéril
Tandis qu'il fait le beau, confus, le coeur battant.

C'est alors que l'oiseau-lyre descend des nuées
Et se pose un instant sur l'épaule de Pierrot
Une plume se détache et tournoie sans tomber
Le clown blanc la saisit et lorsqu'elle touche sa peau

Son regard vers le ciel de nouveau se dirige
Il contemple la lune, il repense à ses mers
Il trace dans sa paume un mot que le temps fige
Et pour l'amour des roses, il verse une larme amère.

Touti, le 28.07.2008

11 juillet 2008

Elégie à Séléné

Le scénario ce soir semble se répéter
On a eu beau lui dire qu’il ne faut pas courir
Qu’à ne pas regarder, on se fait vite souffrir
La tête dans les étoiles, la nuit est tombée.

Elle a vite revêtu son manteau d’ecchymoses
Elle ne se plaint jamais et impose le silence
En son sein, le repos ne tolère plus l’absence
Elle sait se faire l’amie des vers et de la prose.

Il n’est qu’un poète capable de l’apprivoiser,
Il a su l’emprisonner dans son regard,
Qui se confond souvent dans l’immensité noire
Avec le visage qu’elle prend soin de cacher.

Longtemps, Pierrot veille dans son grand habit blanc
Gardien, ami fidèle, il ne dit rien, il pleure
Et de ces quelques larmes éperdues de douleur
La nuit apaise la soif qui embrase ses tourments.

Certains racontent qu’il est amoureux de la lune
D’autres aiment à se moquer de son air distrait
Quant à moi, je ne suis que l’ombre qui se tait
Je contemple dans l’onde mon reflet sous la lune.

C’est en pensant à elle que je la vois le mieux
Je n’ai besoin pour cela d’aucun artifice
Puisque de mon cœur j’ai fait le sacrifice
La nuit veille mais elle ne sait pas lire dans mes yeux.

Touti, le 11.07.2008

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